Hideo Okuda, Un yakuza chez le psy, Nouvelles Éditions Wombat.
Traduit du japonais par Jacques Lalloz
288 pages
Une couche de gomina dans les cheveux, cent kilos de bonhomme, pas une miette de bon sens, un plaisir malsain à assener des piqûres à ses patients, qu’ils le veuillent ou non. Ça, c’est le docteur Irabu, personnage central de la trilogie au même nom d’Hideo Okuda, succès aux plusieurs millions d’exemplaires vendus et aux nombreuses adaptations à l’écran et en BD. Dans son cabinet de psychiatrie débarquent les patients les plus loufoques, paumés et improbables de Tokyo – un yakuza avec la phobie des objets pointus, un trapéziste déséquilibré, une romancière aux trous de mémoire croissants. Devant eux, ils découvrent un médecin aussi loufoque et improbable qu’eux.
Ino Seiji est un lieutenant respecté du clan Kioi : froid, doué pour les affaires, conscient du charme discret d’une arme dégainée au bon moment. Sauf que voilà, depuis quelques temps, ce ne sont plus seulement les armes qui lui font peur, mais tous les objets pointus : ciseaux, baguettes, coins de table… Un rien le fait défaillir. Et un yakuza qui défaillit à cause d’une fourchette levée, ça passe mal. À côté de lui, un trapéziste qui ne réussit plus un saut, une romancière qui ne parvient plus à se souvenir d’un seul de ses romans ou encore un joueur de baseball incapable de lancer une balle sont quelques uns parmi les patients qui finissent, bon gré mal gré, par tomber sur le docteur Irabu et sa pulpeuse assistante. Imposant, décomplexé, voire carrément amoral, ce psy à la déontologie douteuse trouvera par les pires moyens les meilleures solutions pour ses patients.
Hideo Okuda (Gifu, 1959) , dont la trilogie du Dr Hirabu s’est vendue à plus de 3.000.000 d’exemplaires au Japon et a été traduites en plusieurs langues, fait preuve d’un humour déjanté et surréaliste, féroce et guilleret à la fois. Les psychoses de la société urbaine contemporaine sont mises en scène et ridiculisées avec délectation. Malgré tout son incontrôlable dadaïsme, Okuda dresse un portrait plus que réel des névroses du Japon et des grandes villes, des hommes et des femmes d’aujourd’hui entravés par les complexes et les dysfonctionnements de leur ego. Le remède à ce Japon ankylosé de complexe est l’insouciance joyeuse et absolue de ce médecin sans foi ni loi apparentes.
Sorte de contrechant littéraire à l’univers cinématographique trash, barré, érotique et cruel de Takashi Miike, Un yakuza chez le psy prolongera le plaisir (malsain) après votre séance de First Love.
(edg)