À l’occasion de la sortie de Tempura, la comédie d’Akiko Ohku, et du hors-série de Tempura Magazine consacré à la cuisine japonaise, Hanabi vous sert deux Tempura pour le prix d’un !
196 pages, des photos à mi-chemin entre le coup-de-poing et le coup-de-cœur, des plats fumants ou en plastique, des ramens de droite et des tamago kake gohan prolo, du café pur et du thé sans pesticides, des chefs français et des YouTube mums japonaises. Au menu du premier hors-série de Tempura Magazine appelé – on ne peut plus à propos – « Manger le Japon » : le dessous des plats que vous croyiez connaître. Fort de son succès, ce numéro gourmand revient et offre du rab à la cantine… euh, en kiosque !
Quel lecteur êtes-vous?Avec les livres, les choses sont simples. Les bibliophiles se divisent en deux catégories. D’un côté, les dévoués par le massacre : plis, notes manuscrites, crop circles de café et soulignages fougueux. De l’autre, les puristes, les amoureux de la page immaculée et du livre-tabernacle. Pour les revues, c’est plus difficile. À moins qu’il ne s’agisse du fameux « Paris Match » de 1956 sous sarcophage en cellophane des bouquinistes, les revues finissent toujours par doubler de volume car trop longtemps feuilletée dans la moiteur de la salle de bain.
Certaines revues font toutefois exception et vous transforment dès l’index en bibliothécaire crispé. C’est le cas de Tempura, le trimestriel du Japon underground, et de son premier hors-série, « Manger le Japon ». Victime de son succès, le numéro revient en kiosque pour ravir et convertir en fin gourmet encore plus de lecteurs.
Tempura : le Japon sous tous ses plisTempura, déjà, c’est quoi ? Rétrospectivement, la seule bonne nouvelle du printemps 2020. C’est à ce moment là que le trimestriel, dont chaque numéro est publié grâce aux abonnés et à un financement participatif, voit le jour. Le parti pris : révéler le Japon sous tous ses plis, même les moins nobles et surtout les moins fantasmés. Des images fortes, des plumes palpitantes, des enquêtes fleuve. Une revue à vous transformer en bibliothécaire crispé, justement.
Le premier hors-série de la revue, baptisé « Manger le Japon », a été chaperonné par la rédactrice en chef invitée Ryoko Sekiguchi. Tokyoïte de naissance, parisienne d’adoption, elle est écrivaine, traductrice et fine auscultatrice des traditions culinaires du monde. La revue rassemblée sous son regard est plus qu’un portrait dressé de la grammaire gastronomique nippone, avec ses règles, ses traditions et ses académiciens. C’est plutôt le portrait d’une langue vivante, avec ses hauteurs, son argot et ses barbarismes (qui ne passent pas auprès des académiciens susmentionnés). C’est plus que vivant, c’est pulsant.
« Manger le Japon » : bien au-delà d’un simple Tempura !On y découvre, pêle-mêle, l’importance des années 1970 dans la modernisation culinaire japonaise et ses contaminations occidentales. Le rôle des cantines scolaires dans la lutte au dépeuplement des zones rurales. Des pesticides et des additifs. L’incroyable (et pas toujours hygiénique) business des serviettes tièdes des yakuzas. Les redoutables pâtissières japonaises à Paris (dont vous nous avions déjà parlé ici). L’insoupçonnable positionnement politique du ramen et la lubie toute nippone pour la crème. Pour les voyageurs et les gastronomes, des bonnes adresses et des recettes à réaliser soi-même.
« Il faut toujours une forme d’imaginaire pour que l’amour dure longtemps », affirme Sekiguchi. Le talent de ce hors-série est tout là : comprendre l’importance du fantasme comme trou de la serrure à travers lequel on épie la culture de l’autre et lui ouvrir la porte. Le fantasme n’a été qu’une clé : la pièce, elle, contient bien plus, en heureux désordre. Cet heureux désordre qui nous fait dire : « Surtout ne range pas, je me retrouve dans ce désordre ». EDG
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