Un film de Daigo Matsui
Romance | Japon | 1h55 | Sortie le 26 juillet 2023
Les 26 juillet se suivent et ne se ressemblent pas… C’est le jour où ils se sont rencontrés, celui où ils se sont aimés, où ils se sont séparés. Sept rendez-vous entre un danseur professionnel et une conductrice de taxi dans le Tokyo d’aujourd’hui.
BANDE-ANNONCE TRAILER
Isabelle Huppert, alors Présidente du Jury au Festival international du film de Tokyo où le film a reçu le Prix du public, est montée sur scène pour faire l’éloge de Rendez-vous à Tokyo : « Le jury souhaiterait attribuer une mention spéciale au film de Matsui Daigo, pour sa délicieuse exploration de deux jeunes adultes à Tokyo. Sosuke Ikematsu et Sairi Itô, qui les interprètent dans une alchimie parfaite, sont tout simplement magnifiques ! ». Alors, est-ce que cela ne ferait pas un peu de bien, pour une fois, de contredire les Rita Mitsouko lorsqu’ils chantent « les histoires d’amour finissent mal en général » ? C’est ce que réussit Rendez-vous à Tokyo en nous entraînant à rebours, d’année en année, de la rupture à la rencontre, dans une histoire d’amour autant mélancolique que romantique, au goût doux-amer.
Aussi rafraichissant que Julie (en 12 chapitres) de Joachim Trier, alternant entre comédie et drame sur un ton résolument moderne, on y suit Teruo et Yo, leurs peines, leurs doutes, leurs joies, avec comme point de rencontre annuel le 26 juillet (la date d’anniversaire de Teruo). Là où tout semblait joué, tout se rejoue par le recours de ce concept subtil et ludique où la séparation est finalement récompensée par des retrouvailles. Les « sept rendez-vous à Tokyo » de ces amoureux qui s’aiment, se sont tant aimés et s’aimeront un jour, sont autant d’étapes initiatiques et de facettes de leur captivant parcours de vie, mais aussi de Tokyo, enivrante de lumière et de bruit… qu’on voit vibrer et exulter au fil des jours. Et puisque c’est à notre tour d’avoir commencé cette critique à l’envers, terminons-la là où elle aurait dû commencer : en posant le cadre.
Un gars, une fille. Teruo est danseur, Yo conductrice de taxi. Si cette dernière raconte qu’elle aime ce métier parce que « laisser les clients choisir des destinations et les y conduire donne l’impression d’aller constamment quelque part », nous nous doutons que sa fascination pour Winona Ryder dans Night On Earth de Jim Jarmusch y est aussi pour quelque chose ! Quand elle rencontre Teruo, dont c’est également le film préféré, une grande histoire commence, qui ne finira jamais vraiment… Il y aura des hauts, des bas, mais aussi toute une galerie de passagers bigarrés montant à bord du taxi de Yo pour qui elle devient la confidente d’un instant, le temps d’un voyage propice à l’égarement (un procédé qui ne pas sans évoquer celui de Drive My Car…).
Le réalisateur Daigo Matsui semble ne pas pouvoir résister au plaisir de mettre de l’ordre dans le chaos, laissant les rebondissements joyeux prendre le dessus sur les correspondances manquées (et il y en aura beaucoup, du mari qui attend toujours sa femme sur son banc à l’ex-collègue danseuse secrètement amoureuse de Teruo). Avec douceur, il transcende l’ordinaire de manière fraîche et touchante, laissant l’humanité scintiller dans ses habitacles clos (un taxi, un bar, une scène de théâtre). Sairi Itô, qui interprétait la bonne copine d’Asako dans Asako I&II de Ryusuke Hamaguchi, est ici bluffante tant elle se fond dans les humeurs de Yo. Son énergie et sa voix « bizarre », comme dirait Teruo, fait que nous nous y attachons éperdument au point de commencer aussi avec elle une nouvelle histoire.
O. J.
Crédits photos : Art House films
Lire la critique de Télérama
Film non disponible en streaming