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Un livre de Takeshi Kitano

Quatre dialogues autour du cinéma – avec Akira Kurosawa, Shôhei Imamura, Mathieu Kassovitz et Shiguehiko Hasumi – et autant de confidences autour de la création et de la vie. Doutes, convictions, allures, postures et quelques ratures. Ce petit texte réussit à faire l’impossible : épingler, le temps d’un instant, cet électron libre qu’est Takeshi Kitano.

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Sacré réalisateur, réalisateur consacré

Il y a des choses dont le délice réside dans la concentration – un espresso bien serré, une gousse de vanille ou encore Rencontres du septième art. 120 pages qui se dévorent en un instant mais vous requinquent pour la journée.

Takeshi Kitano et Akira Kurosawa

Réalisés entre 1998 et 1999, les quatre échanges se tiennent à un moment où l’œil international est braqué sur Takeshi Kitano. Son long-métrage Hana-bi a remporté de Lion d’Or à Venise l’année précédente. Beat Takeshi n’est officiellement plus seulement un comique de manzai ou un homme de télévision. C’est un réalisateur, sacré et consacré.

Hasard, spontanéité et grand n’importe quoi

Malgré la reconnaissance et les prix, Kitano porte encore très fort son esprit touche-à-tout. « Je ne suis pas un metteur en scène à plein temps. C’est la mise en scène qui m’est tombée dessus », confie-t-il à Shiguehiko Hasumi. Et, en effet, ses débuts accidentels derrière la caméra font drôlement écho à ses débuts tout aussi accidentels dans le monde du cabaret.

Comme il l’explique à Himamura, le réalisateur de Violent cop (1989) étant tombé malade, c’est lui qui l’a remplacé au pied levé et c’est comme ça qu’il a atterri derrière la caméra. Dans les années 1970, alors qu’il travaillait comme garçon d’ascenseur au Furansu-za, il s’était retrouvé dans la même situation : remplacer au pied levé le comique Senzaburō Fukami qui était malade.

Takeshi Kitano dialogue avec Shigueiko Hasumi

La spontanéité de Kitano se révèle au fil de tous les échanges. Il y a la spontanéité de sa personne (« Pour être franc, je ne vois presque pas de films ! »). Mais il y a aussi la spontanéité comme méthodologie de travail. « Utiliser comme je le fais le ciel, une montagne ou une route pour faire des raccords, j’ai bien conscience que c’est n’importe quoi », dit-il à Imamura.

Kitano et les autres

Selon ses propres aveux, le cinéma de Takeshi Kitano est un mélange de n’importe quoi, de hasards heureux, de travail qui commence par la chute, de tournages express et de séances de montage infinies. Ces quatre dialogues savoureux sont un jeu de 7 différences avec ses collègues.

Il y a la légèreté de Kitano qui s’oppose à l’acharnement de Kurosawa, la complicité avec Mathieu Kassovitz et les confidences amusées avec Imamura. Mais il y a également la place de la violence à l’écran. Il y a le « corps usé » cinéma japonais dont Kitano se considère un « cancer pernicieux ». Tant en si peu de pages. Rencontres sur le septième art a la saveur de la gousse de vanille et le pouvoir vivifiant du café. Concentrés et délicieux.

EDG

Première parution : 2004 / 120 pages / Editions Arléa / Traduit du japonais par Sylvain Chupin