Révélé aux cinéphiles français avec le film Senses, le jeune réalisateur de films japonais Ryusuke Hamaguchi est fort d’une filmographie riche et récompensée dans les plus illustres évènements du cinéma, aux Oscars notamment.
Né en 1978, Ryusuke Hamaguchi a réalisé plus d’une dizaine d’œuvres. À vingt ans en 2008, il produit son premier long-métrage : Passion, film aux accents rohmériens sur la complexité du sentiment amoureux.
En 2015, il réaliseHappy Hour, sorti en France sous le nom de Senses. Couronnée au Festival de Locarno, cette longue fresque dépeint l’amitié mise à l’épreuve de quatre femmes interprétées par Sachie Tanaka, Hazuki Kikuchi, Maiko Mihara et Rira Kawamura.
Trois ans plus tard, Hamaguchi revient avec Asako I&II à un sujet qui lui est cher : l’exploration des liens amoureux. Le film rejoint la prestigieuse liste des productions en compétition officielle pour la Palme d’or du Festival de Cannes, et affirme Ryusuke Hamaguchi comme un réalisateur japonais majeur.
En novembre 2019, la Maison de la culture du Japon à Paris lui consacre sa première grande rétrospective européenne et fait alors découvrir au public ses court-métrages encore inédits en France ainsi que des films réalisés alors qu’il était encore étudiant comme Like Nothing Happened.
En 2021, son film Wheel of fortune and fantasy (Contes du hasard et autres Fantaisies) dévoilé en avant-première à la Berlinale reçoit le Grand prix du jury. La même année, Drive my car, coécrit avec Takamasa Oe, est en compétition officielle au 74e Festival de Cannes où il rafle le Prix du scénario.
Au début des années 2000, Hamaguchi étudie les lettres à l’Université de Tokyo. Il entre alors au club cinéma de son université et y réalise son premier long-métrage en 8mm. Le réalisateur américain John Cassavates et notamment son film Husbands contribuent alors au désir d’Hamaguchi de devenir cinéaste.
Après une expérience en tant qu’assistant réalisateur sur des films commerciaux, il rejoint en 2002 le nouveau cursus cinématographique de l’Université des arts de Tokyo. Il compte parmi ses professeurs les cinéastes japonaisTakeshi Kitano et Kiyoshi Kurosawa, avec qui il donnera vie au film Les Amants sacrifiés.
Cinéphile depuis l’enfance, Ryusuke Hamaguchi est fortement influencé par la culture cinématographique japonaise : Ozu, Mizoguchi, Naruse, Masumura, Yoshida, Oshima ou encore Sômai.
Les réalisateurs étrangers, John Cassavetes en tête, Robert Bresson, Éric Rohmer et plus tard Pedro Costa le touchent particulièrement.
En marge des codes de l’industrie du cinéma nippon, la filmographie de Ryusuke Hamaguchi est résolument tournée du côté du cinéma indépendant.
Si Hamaguchi s’attache dans chacun de ses films à des espaces, des personnages et des thèmes différents, il y a des éléments que l’on retrouve dans tout son cinéma. Tous ses films, dans la lignée de Rohmer, témoignent de sa fascination pour l’intime et la complexité des sentiments humains. À travers des séquences de dialogues profonds et précisément écrits, il révèle tout à la fois les failles et les contradictions des personnages ainsi que ceux de la société japonaise
Le jeu d’acteurs est un élément clé dans sa manière de travailler. Il aime filmer des personnes qu’il a appris à connaître hors-champ pour capturer avec sa caméra leur caractère et la moindre de leurs émotions.
“À partir du moment où je choisis un interprète au casting, je l’accepte entièrement. Même s’il ne joue pas bien sur le moment, ce n’est pas grave car je l’accepte tel qu’il est. » confiait-t-il à Japon cinéma.
Aérien, profond, virtuose, éblouissant… Cette adaptation du recueil “Des hommes sans femmes” de Haruki Murakami a emballé la presse et les critiques de cinéma, au point que beaucoup lui ont souhaité de remporter la Palme d’or après sa Première mondiale au Festival de Cannes. Sacrement qu’il recevra en 2022 aux Oscars.
Drive my Car (titre original Doraibu mai kā) plonge dans la vie et les sentiments de Yusuke Kafuku. Ce metteur en scène endeuillé se retire à Hiroshima pour y monter une pièce et confie son volant et petit à petit son intimitéà Misaki, curieuse jeune femme luttant elle aussi avec les fantômes de son passé.
“Je crois que dans la vie en effet, il y a des moments où on a besoin de laisser le volant de sa propre vie à quelqu’un d’autre.” expliquait le réalisateur à propos de Drive my car. Résolument, un film d’auteur japonais récent à voir.
Prochaine sortie : Contes du hasard et autres fantaisies le 6 avril 2022.
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