Un film de Takayuki Hirao
Animation | Japon | 1h34 | Au cinéma le 3 juillet 2024
Bienvenue à Nyallywood, la Mecque du cinéma où Pompo est la reine des films commerciaux à succès. Le jour où elle décide de produire un film d’auteur plus personnel, elle en confie la réalisation à son assistant Gene. Lui qui en rêvait secrètement sera-t-il à la hauteur ?
BANDE-ANNONCE
Si l’on devait citer un anime capable de rafler pléthore d’Oscars (ou de Nyascars), c’est bien celui-là ! Pour changer, il n’est pas signé Steven Spielberg, James Cameron ou Peter Jackson mais Joelle Davidovich Pomponette, plus connue sous le nom de Pompo, l’enfant prodige de Nyallywood (au sens littéral du terme, celle-ci ayant l’air d’avoir 12 ans avec son énergie espiègle, sa voix cristalline et sa tignasse virevoltante épinglée par deux modestes chouchous). Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Pompo est si prodigieuse qu’elle sait exactement comment faire pour que sa prochaine production fasse un carton… Il suffit d’allouer tous les moyens possibles et imaginables à sa conception : un réalisateur brillant qui s’ignore, un tournage ubuesque qui explose toujours plus le budget initial (un peu comme si on vous accordait un découvert illimité sans agios à payer), une actrice inédite et le retour d’un des plus grands acteurs de l’Histoire, l’inénarrable Martin Bradock (délicieusement inspiré de Marlon Brando) !
Cette épopée folle commence le jour où Pompo, qui n’a de cesse d’enchaîner les succès avec des films spectaculaires et divertissants (à base d’action, de rebondissements et d’héroïnes aussi divines que dures à cuire), décide de réaliser une œuvre plus personnelle et majeure, qui touchera son public droit au cœur. Après tout, si Michael Cimino a pu réaliser « l’une des sept merveilles du monde cinématographique » – dixit Les Portes du Paradis… Elle aussi ! C’est là que rentre en scène Gene, son assistant, à qui elle confie la modeste tâche de réaliser le film (son premier) dont elle a écrit le scénario. Topo ? L’histoire d’un génie créatif vieillissant et tourmenté qui, en faisant le point sur sa vie, finira par comprendre le sens de son art, des sacrifices consentis pour la création, les autres, le monde, soi… Par extension, Gene va profondément découvrir celui de cette passion qui le rend si insatiable, si véhément : plus que la réalisation d’un film, c’est lui qui va se réaliser ! Cela aussi, bien sûr, grâce au soutien d’une multitude de personnages avec qui nous vibrons à l’unisson, qui se nourrissent de l’énergie de Pompo et Gene pour donner du sens à ce qu’ils font dans la vie (y compris un banquier!). Car que serait un film sans une équipe de choc ?
Avec Pompo The Cinephile, Takayuki Hirao signe une œuvre aussi personnelle que géniale, transgressant la problématique de la quête intérieure avec beaucoup de talent, de prouesses visuelles et d’émotion. Lui qui a longtemps été l’assistant de production du légendaire Satoshi Kon, notamment sur Millennium Actress (2001), semble avoir énormément puisé dans son histoire personnelle… et comme son personnage, Gene, suivant les traces de l’inénarrable Pompo pour s’en affranchir, le voilà s’affranchissant de son propre mentor en laissant sa créativité exulter ! Véritable condensé de génie nippon, amalgame formidable de techniques d’animation, de trouvailles narratives et de drôleries qui se développent à une vitesse folle, Pompo The Cinephile devrait vous donner un bon coup de pêche, s’il ne vous donne tout simplement pas le goût de transformer votre vie en chef d’œuvre. Cerise sur le gâteau : le film dure exactement 90 minutes (hors générique), la durée idéale selon Pompo !
O. J.