Little Zombies, de Makoto Nagahisa
En salles le 11 Novembre – Japon –
Hikari, Ikuko, Ishi et Takemura se rencontrent au crématorium où leurs parents viennent d’être incinérés. Pas émus pour un sou, ils décident de rester ensemble et de former un groupe de rock. Ce que la musique leur apprendra, c’est qu’on n’est jamais à l’abri des émotions. Le premier long-métrage remarqué de Makoto Nagahisa a tout pour ne pas passer inaperçu.
Prenez les pixels et la sono des jeux vidéo, les enfants philosophes de Wes Anderson, des couleurs acidulées, un montage en apnée et des changements de registre aussi soudains que radicaux. Vous voilà plongé dans l’univers de Makoto Nagahisa, classe 1984, ancien publicitaire et seul homme au monde capable d’arborer deux couettes avec style et décontraction. Little Zombies, son premier long-métrage remarqué lors de l’édition 2019 du Sundance Film Festival et théoriquement attendu dans les salles françaises le 11 novembre, hérite de la pub le rythme effréné et les couleurs pétante mais dévoile sous la surface clinquante une épaisseur dense de questionnements existentiels.
Sans cœur, sans buts, sans attaches et sans adultes : les quatre protagonistes représentent autant de solitudes de l’enfance nippone contemporaine – et de leurs parents. Stigmatisés par les camarades, par la famille, par la société, leur statut d’orphelins ressemble au premier abord plus à une libération qu’à un handicap. Le monde qui les entoure – le monde des adultes tout spécialement – est trop stupide pour verser des larmes. Cette lassitude déjantée qui les relie, ainsi que quelques instruments trouvés dans une déchetterie, les pousse à jouer ensemble. Leur musique devient un succès national immédiat, leur anaffectivité parle à tout le monde.
Mais qu’on le veuille ou non, même quand on croit ne pas les rechercher, les sentiments nous tombent dessus et on ne peut pas toujours les esquiver. C’est ce qu’apprendront, chacun à leur façon, les quatre petits protagonistes de Little Zombies dans ce film de formation qui semble jusqu’au bout ne pas en être un, qui semble vouloir faire bloc contre les sentiments et leur préférer le bruit, la lumière, les jeux vidéos et les courses poursuites mais qui doit bien, tout comme ses personnages, grandir, comprendre et accepter que le cœur est un organe bien moins imperméable qu’on le voudrait parfois.
(edg)