Les Enfants du temps, de Makoto Shinkai
En salles le 08 Janvier – Japon – 1h52
Jeune lycéen, Hodaka fuit son île pour rejoindre Tokyo. Sans argent ni emploi, il tente de survivre dans la jungle urbaine et trouve un poste dans une revue dédiée au paranormal. Un phénomène météorologique extrême touche alors le Japon, exposé à de constantes pluies. Hodaka est dépêché pour enquêter sur l’existence de prêtresses du temps. Peu convaincu par cette légende, il change soudainement d’avis lorsqu’il croise la jeune Hina…
Plus qu’impatiemment attendu par le public qui avait rempli les salles en 2016 pour voir Your Name, Les enfants du temps de Makoto Shinkai n’a pas encore débarqué dans les cinémas français qu’il a déjà battu bien des records. Sélectionné pour représenter le Japon à la 92ème cérémonie des Oscars dans la catégorie du Meilleur Film Étranger, il a rapporté près de 14 millions d’euros au box-office lors de ses trois premiers jours de diffusion dans les cinémas nippons. Ce qui en fait le 7ème succès japonais de tous les temps.
Voilà un film dont la sortie s’annonce comme un grondement de tonnerre ! Pareil déchaînement des éléments ne saurait être plus à propos, Les enfants du temps offrant une réflexion sur le dérèglement climatique, sur son énorme potentiel métaphorique et sur le rapport hautement spirituel que nous entretenons avec les éléments. Cet entrelacement des thématiques est très joliment encapsulé dans le titre international en anglais du film, Weathering with you, littéralement « faire le temps avec toi ». À la fois polysémique et très évocateur, il renvoie tour à tour au temps, à la résilience et à l’usure.
Avec pour cible première les adolescents, les jeunes adultes et les fans d’anime, le film a de quoi fédérer des publics plus larges par l’universalité des enjeux environnementaux qu’il dépeint, mêlés de croyances shintoïstes et plus globales. Le fil qui relie le tout est une histoire d’amour à la fois timide et absolues, typiques de ces amours adolescents à vous faire vibrer l’âme. À la vie, à la amoureux, au prix de la pluie et du beau temps, le bonheur d’Hina et d’Hodaka pourrait bien avoir des effets désastreux sur la terre entière. Mais
peut-être faut-il y voir l’une de ces catastrophes salvifiques qui recouvrent les erreurs des hommes, rendent ses droits à la nature et permettent à ceux qui restent (et qui s’aiment) de rebâtir un monde plus juste et plus organique.
Visuellement et humainement sensible aux cataclysmes et au déchaînement des éléments naturels, Makoto Shinkai offre une topographie de Tokyo à l’impressionnante exactitude et un rendu des textures aquatiques et aériennes sans pareils. La nature en furie et l’univers on ne peut plus urbain de la capitale japonaise se rencontrent et se heurtent dans des scènes aussi réalistes qu’apocalyptiques qui resteront longtemps gravées dans l’imaginaire. Avec naturel, le réalisateur passe d’un sujet à l’autre – l’histoire d’amour, l’importance à tous les âges de la spiritualité, la pluralité des liens familiaux, l’ambiguïté des désirs – et offre à son public un film sensible et complexe, preuve qu’en matière de cinéma, il n’est pas né de la dernière pluie.