Un film de Ayumu Watanabe
Avec Cocomi, Shinobu Ôtake, Izumi Ishii
Au cinéma le 8 juin 2022
Animation | Japon | 1h37
Tu seras une femme différente, ma fille

Dis-moi qui tu es et je te dirai qui tu es
Estival dans ses couleurs et dans son rythme, le film pose la question de l’identité au cœur de son récit. Pas seulement la quête ou construction de soi, mais aussi les reflets de soi qui ricochent dans les regards des uns et des autres. Ces autres « soi » qui ne sont peut-être pas seulement dans les yeux d’autrui. Finalement, l’identité est parfois un bric-à-brac d’éléments bâtis, empruntés ou juste miroités. Et ce n’est pas plus mal. Car finalement, la grande étape qui sépare la droiture enragée de l’adolescent de l’adulte, c’est le fait de pardonner à soi et aux autres leurs défauts.
Car quand dans la toile de nos relations, un élément saute, on découvre parfois des liens insoupçonnés. C’est le cas de Kikurin et Nikuko. On a beau vouloir mettre des distances entre l’autre et soi, on est parfois bien plus proches que l’on ne le voudrait. Et c’est loin d’être une mauvaise nouvelle.
Une absence cliché peut-elle en cacher un ?
Si une fausse note est à signaler, c’est une certaine représentation du personnage de Nikuko. Femme défiant tous les clichés de la femme japonaise – fine, sublime et silencieuse – elle en est quelque sorte un cliché à part entière. La représentation de son surpoids et de son appétit pantagruélique (de nourriture, de contact humain, de tout) grince avec le débat, heureusement de plus en plus répandu, autour de la grossophobie au cinéma. Le public demande à voir l’obésité sans clichés. À libérer la personne grosse de son rôle vicaire de complice / faire-valoir / vecteur de comique. À ce qu’on lui offre un rôle central où ce qui lui arrive n’est pas strictement lié à son poids ou à la perception que la société en a.
Ce qu’on demande aux personnages gros du cinéma du futur et ce qu’on souhaite à Madame Nikuko, c’est que son poids ne soit jamais son destin. La chance lui souriant, c’est déjà un très bon début. EDG