La Ballade de Narayama, de Shôhei Imamura
avec Sumiko Sakamoto, Ken Ogata, Takejo Aki
En salles le 11 Juillet – Japon – 2h10
Orin, une villageoise des montagnes, se soumet à un rituel ancestral : à soixante-dix ans, elle doit rejoindre le haut du mont Nara, pour y attendre la mort. Sa famille se prépare à son départ…
Avant Une affaire de famille (Kore-Eda, sortie le 12 décembre), il y avait déjà eu une Palme d’or japonaise.
La Ballade de Narayama est un classique, à plus d’un titre. Il s’agit d’abord d’un classique de la littérature entré au patrimoine de la culture japonaise en 1956 avec la parution du roman éponyme de Shichiro Fukazawa. Partant d’une tradition de pèlerinage, ce texte questionne la place que l’on réservait aux seniors dans une société nipponne d’après seconde guerre mondiale. Deux ans plus tard, Keisuke Kinoshita le transpose à l’écran, donnant lieu à un mélodrame flamboyant et audacieux. En 1983, Shohei Imamura tente à son tour une adaptation, moins stylisée mais gardant le coeur du propos : la normalisation de l’exclusion. La vision altruiste de Kinoshita est remplacée par une parabole sur la cruauté sociale. Revenant aux racines du livre (la coutume de l’« ubasute » qui forçait des anciens à se sacrifier pour une communauté en manque de nourriture), Imamura présente un monde qui aborde les êtres comme des bouches à nourrir… Le retour à la nature apparaît finalement moins rude que la vie en société : Imamura filme le cycle des saisons face à une humanité qui se recroqueville. A.M.