Du 30/03 au 10/06
Junya Ishigami, Freeing Architecture, du 30 mars au 10 juin 2018, Fondation Cartier pour l’art contemporain.
L’exposition que consacre la Fondation Cartier à Junya Ishigami s’ouvre sur cette confession-manifeste de l’architecte prodige. Lion d’or à la Biennale d’architecture de Venise, Ishigami fait partie, avec Toyo Ito et Kazuyo Sejma, de cette jeune scène architecturale japonaise, qui fait aujourd’hui fureur en France et dans le monde.
Une visiteuse devant la maquette de House of Peace, espace de réflexion et de méditation, port de Copenhague, Danemark
“J’aime penser l’architecture librement, avoir une vision la plus souple, la plus ouverte, la plus subtile possible, pour dépasser les idées reçues sur l’architecture.”
L’exposition que consacre la Fondation Cartier à Junya Ishigami s’ouvre sur cette confession-manifeste de l’architecte prodige. Lion d’or à la Biennale d’architecture de Venise, Ishigami fait partie, avec Toyo Ito et Kazuyo Sejma, de cette jeune scène architecturale japonaise, qui fait aujourd’hui fureur en France et dans le monde. Sont présentés ses plus grands faits d’armes, soit une vingtaine de projets fous réalisés en Asie et en Europe.
House of Peace, modélisation, Copenhague.© Junya Ishigami + Associates
Parmi eux, un immense bâtiment en forme de nuage flottant sur l’eau en guise de maison de la paix à Copenhague ; un restaurant au Japon dont la structure de béton a été coulée dans la terre préalablement creusée, un jardin d’enfant en Chine dont la forme du gigantesque toit résulte de collages d’images d’animaux, de plantes et de dessins d’enfants.
Collage de Junya Ishigami à l’origine de la forme stylisée du toit de Forest Kindergarten, Shandong, Chine
Ishigami privilégie les courbes, la fluidité des lignes, la transparence, joue sur l’effacement des frontières entre l’intérieur et l’extérieur. S’il trouble un paysage naturel, c’est pour mieux l’exalter.
Chapel of Valley, Rhizao, Chine. © Junya Ishigami + Associates
Pour Chapel Of Valley en Chine, à partir d’une faille dans un massif rocheux, il creuse une nouvelle vallée dans laquelle domine l’étroit édifice de 45 mètres de haut. Ailleurs, au Japon encore, il fait replanter les arbres enlevés à cause de la construction d’un hôtel pour recréer une forêt.
Mais le pedigree d’un artiste, aussi prestigieux soit-il, ne saurait suffire à la réussite d’une exposition, qui dépend avant tout d’une certaine adéquation entre le fond et la forme.
Ce qui est admirable ici, ce sont donc les maquettes, supports d’évocation de ces projets. Elles n’ont pas servi à la genèse de ceux-ci mais sont bien des oeuvres architecturales à part entière, réalisées a posteriori et pour l’occasion.
Maquette de Forest Kindergarten, Shandong, Chine
De petits personnages de papier y prennent place, donnant une idée de l’échelle des constructions et de la manière avec laquelle la vie humaine peut les investir. Celle du jardin d’enfant est particulièrement suggestive et délicate, avec ses arbres feuillus qui font comme de drôles de papillons verts. De notre position de géant, on y observe cette banale ingéniosité que les enfants déploient dans leurs jeux, tirant parti des sinuosités de ce long ruban qui forme le toit de cet espace. Enfin, le bâtiment de la Fondation Cartier conçu par Jean Nouvel, avec ses façades vitrées laissant voir la verdure du jardin, semble redoubler le propos de cet adepte d’une architecture ouverte, libérée aussi bien du fonctionnalisme que des lubies personnelles de ses acteurs. De quoi anticiper, aux côtés d’Ishigami, “un futur où se matérialiseront de nouveaux rôles et conditions pour l’architecture, jamais imaginées jusque là.” L.G.
PS : Il y a peu d’informations écrites dans le parcours de l’exposition aussi n’hésitez pas à solliciter les employés de la Fondation Cartier qui se trouvent près des œuvres ; étudiants en art et passionnés, ils ne sont pas seulement là pour les “garder” mais aussi pour vous renseigner. Ce rôle de médiateur fait tout l’intérêt de leur fonction. Profitez-en.