Du 15/07 au 12/10
Tous les jours (sauf le mardi) de 10h à 18h. Accès en nocturne tous les jeudis jusqu’à 21h
Réservation conseillée sur billetterie.guimet.fr (réservation obligatoire les samedis et dimanches à partir de 13h)
Tarifs : 11,50 € plein tarif / 8.50 € tarif réduit
Le mont Fuji, c’est à la fois Notre-Dame de Paris et la tour Eiffel : un lieu saint et la plus efficace des cartes postales. Attirant les mystiques d’abord, les artistes ensuite, il a toujours gardé une place centrale dans les arts figuratifs nippons, et tout spécialement dans l’ukiyo-e, l’estampe japonaise. Pour célébrer sa réouverture, le Musée Guimet met à l’honneur le Mont Fuji à travers l’exposition Fuji, pays de neige : de Hokusai à Hiroshige, de Hasui aux clichés de Felice Beato, c’est une ascension au sommet qui attend le visiteur.
La beauté des lieux de l’âme, c’est qu’ils peuvent être contradictoires : avez-vous déjà essayé d’observer un cône parfait sous tous ses angles ? Le Fujisan, c’est une gravure d’Escher offerte par la Nature. Majestueux et isolé comme une cathédrale, il est le plus pur symbole du Japon. Ce n’est donc pas par hasard que le Musée Guimet consacre à cette parfaite fusion de nature et culture son exposition de réouverture.
L’occasion est parfaite pour (re)découvrir nombreuses perles issues des Trente-six vues du mont Fuji (1831-33) qui ancreront le style d’Hokusai dans l’histoire des arts, son bleu de Prusse et son utilisation savante de la perspective : campant triomphal au centre de la composition ou tout petit en arrière-plan, le Fuji est toujours là, protecteur. Le spectateur pourra également se ravitailler à l’une des Cinquante-trois stations du Tōkaidō (1833-34) de Hiroshige : paysage foisonnant d’éléments naturels, architecturaux et humains, tous sous le regard discret du Fujisan.
Katsushika Hokusai, L’aube à Isawa (province de Kai), Série des Trente-six vues du mont Fuji, 1830-32.
Et que serait le sommet du Mont Fuji sans sa couronne enneigée ? Il serait sûrement moins mystique que la quête impossible de tout graveur japonais, c’est-à-dire la représentation du blanc sur le blanc, de la neige sur le papier. À l’aube, en pleine nuit ou à la lumière électrique, sa candeur se transforme et impose de nouveaux défis techniques. Hasui Kawase, par exemple, a su donner à la neige des villes une incroyable texture, ainsi qu’une nuance inédite quand elle est à la fois capturée de nuit, en ville.
Kawase Hasui, Neige sur le temple Zojoji, 1953.
La neige balayée par le vent dans les représentations patriotiques des campagnes militaires de la guerre sino-japonaise ajoute à la violence du conflit toute l’hostilité de la nature. Mille et une textures, mille et une âmes de la neige, tour à tour clémente, violente, dure ou éthérée.
Découverte précieuse : des clichés superbes du photographe de guerre italien Felice Beato (1832-1909) qui a recréé en studio des scènes d’extérieur sous la neige.
Felice Beato, Rōnin en tenue d’hiver, 1877-80.
On sort de l’expo comme l’on revient d’un long pèlerinage : ressourcé, apaisé – et sûrement moins fatigué que si on avait gravi la montagne à pieds.
(edg)