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First Love, le dernier yakuza, de Takashi Miike
avec Masataka Kubota, Nao Ohmori, Shôta Sometani
En salles le 01 Janvier – Japon – 1h48

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Tokyo, la nuit. Leo est un jeune boxeur, il tombe sous le charme de Monica, une call-girl toxicomane mais vierge. La jeune fille est impliquée dans un trafic de drogue. Les tourtereaux vont être poursuivis par un policier corrompu, un yakuza et une femme-assassin envoyée par des groupes chinois.

De retour à Cannes après la présentation en 2017 de Blade of the immortal, excellent film de sabre et de samouraïs, Takashi Miike, l’homme aux 100 réalisations revient cette fois avec un autre genre qu’il affectionne particulièrement : le film de gangsters. Sa dernière création, First Love nous catapulte donc sous les néons du Tokyo criminel, chez les yakuzas du quartier de Kabukichō. On retrouve le goût très marqué du réalisateur pour le trash, les membres coupés et les têtes décapitées. Cependant, si les éléments graphiques sont bien là, le film épouse tout de même une narration et un montage plus sage qu’à l’accoutumé (Miike a d’ailleurs profité de la projection du film à la Quinzaine des Réalisateurs pour s’excuser de ses débordements passés !), pour un résultat moins provocateur mais aussi bien mieux construit, et plus ludique. On suit en effet l’histoire d’une trahison: Kase, jeune yakuza ambitieux décide de doubler sa famille en interceptant une cargaison de drogue. Il s’associe pour cela à un policier corrompu, avec qui il fomente une stratégie d’une parfaite limpidité. Mais, bien entendu, rien ne va se passer comme ils l’entendaient et plus qu’un imprévu va troubler leurs plans (et l’intrigue du film). En vrac: une proxénète experte en arts martiaux, un infiltré chinois chez les yakuzas se doutant de la trahison de Kase, un boxeur n’ayant rien à perdre…

Comme souvent chez le réalisateur, la narration emprunte beaucoup au jeu vidéo ou au manga, avec des personnages ultra stylisés et des péripéties jouissives. On pense notamment à la saga de jeux « Yakuza » et ses affrontements entre triades chinoises et mafieux japonais. Le chef chinois manchot a d’ailleurs tout de la figure du boss surpuissant de la fin ! Les combats à l’arme lourde s’enchaînent avec ceux aux sabres ou à main nue. Tout le monde amène sa pierre à l’édifice de cette joyeuse frénésie, décalée et parfois presque burlesque. Mais si la succession de scènes d’action excitées constitue un réel défouloir, la beauté du film réside avant tout dans le destin de ces deux anges déchus : Leo le boxeur venant d’apprendre qu’il a une tumeur au cerveau, et Monica la call-girl hantée par les visions de son père. Perdus au milieu du chaos et de l’hémoglobine, ils nous apparaissent comme hors du temps, plus préoccupés par leurs démons intérieurs que par les fusillades qui les entourent. Par pirouettes visuelles et abondance d’effets de style, Miike les replace toujours au centre d’une intrigue qui élimine progressivement toutes ses complexités, s’épure jusqu’à ne plus être qu’une fuite en ligne droite, celle de deux écorchés que l’amour va sauver, au petit matin. A.T.