Le premier volume de A Fake Affair d’Akiko Higashimura est un portrait drôle, attachant et pourtant fort perspicace d’une génération de jeunes femmes face aux attentes et aux préjugés de leur culture.
Faux mariages et vrais bilans
Il y en a à qui tout semble réussir. Ils ont la trentaine avec une vraie mine de vie adulte, ils sont mariés à des gens beaux, ils font le travail de leurs rêves. Ils ont coché toutes les cases (et pourraient donc nous faire la grâce de crever, pour être tout à fait honnête). Shôko Hana ne fait pas partie de cette catégorie, à différence de sa sœur Yôko. Boulots intérimaires, toujours logée chez papa-maman , pas un mec en vue. Ce n’est pas faute d’avoir essayé : Shôko a épuisé les applis et les rencontres organisés. Rien. Ça ne lui réussit pas, les hommes.
Révoltée par la fin de l’énième CDD et par un horizon conjugal aussi lointain qu’un satellite de Saturne, Shôko décide de partir trois jours à Séoul en solo. Histoire de trouver du réconfort dans les grillades et les rainbow cakes (à chacun ses méthodes). C’est dans l’avion qu’elle croise le regard d’un beau Coréen. En raison d’un qui pro quo, il l’a croit mariée et elle ne fait rien pour le contredire. Dommage, le bel inconnu n’a pas l’air de se décourager… Que va-t-il se passer, alors ? Vrai amour interdit ? Légitime liaison dangereuse ?
Tokyo-Séoul, aller-retour
100% couleur, A Fake Affair est d’abord sorti sous forme de webtoon avec un défilement vertical. Un défi pour son autrice, la mangaka Akiko Higashimura, qui ponctue de deux petits « journaux de bords » ce premier volume de The Fake Affair.
Passionnée de Corée et de sa pop-culture, elle a sauté sur l’occasion pour plonger dans le choc doux-amer des cultures et imaginer une histoire d’amour en sauce nippo-coréenne. La publication hebdomadaire sortait à la fois au Japon et en Corée, un vrai défi culturel. Car les deux pays ont parfois l’un sur l’autre des idées bien arrêtées : les Japonaises sont-elles toutes infidèles ? les Coréens sont-ils tous aussi charmeurs ?
Les fantasmes (et quelques hallucinations)
Le problème, c’est que tout le monde fantasme. On fantasme sur la vie des autres, sur la culture des autres, mais aussi sur nous-même, sur nos attentes et nos rêves. La société aussi fantasme sur nous, sur les femmes surtout, qui doivent être très belles, mais pas trop non plus, mais aussi travailler, mais aussi se marier, mais aussi tromper un peu quand même. Et A Fake Affair, ce sont tous ces fantasmes à la fois.
Si le manga a bien été adapté en série au Japon, il rappelle le ton saugrenu et le grain de folie de Tempura et sa protagoniste adorablement à côté de la plaque. Et c’est un délice. Mais ce premier tome se termine avec un plot twist à la A Man et une interrogation bien plus profonde qu’on ne l’imaginait sur la réalité et les apparences. Pour connaître la suite (vous voudrez connaître la suite), il faudra attendre le 23 août et la sortie du tome 2. Cela vous laissera le temps de vous organiser une vraie fausse vie conjugale et un voyage en Corée.
EDG
Parution : mars 2023
Maison d’édition : Le Lézard Noir