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Un film de Junta Yamaguchi

Japon | 1h26 | Prochainement au cinéma

Après Comme un lundi, le Japon nous offre une nouvelle comédie de boucle temporelle, plus hilarante encore et remplie de rebondissements !

Une nouvelle journée commence à l’auberge Fujiya, nichée au cœur des montagnes japonaises. Une journée ordinaire… ou presque : car les uns après les autres, les employés et les clients se rendent compte que les mêmes 2 minutes sont en train de se répéter à l’infini… Certains veulent en sortir, d’autres préfèrent y rester, mais tous cherchent à comprendre ce qui leur arrive. 

 

Quel meilleur endroit qu’une pittoresque auberge à Kibune, au nord de l’ancienne capitale impériale Kyoto, pour conjurer la frénésie de la vie moderne et se ressourcer ? Nichée au cœur d’une montagne luxuriante, son unique rue longeant une rivière et un sanctuaire shinto dédié au dieu de l’eau, Kibune offre un cadre si propice à la contemplation que l’esprit peut enfin se concentrer sur le moment présent. Mais à force de méditer… ne finit-on pas par constater que toutes les choses reviennent éternellement, et nous-même avec elles ?

Tout commence par une journée classique dans le ryokan du village. En coulisse, le personnel a pris soin de revêtir les traditionnels kimonos et s’active pour proposer une expérience inoubliable aux hôtes de passage, pendant que ces derniers se délectent du plaisir d’un bon onsen avant de regagner leurs quartiers pour savourer un succulent repas relevé de saké chaud. Mikoto observe la rivière lorsqu’elle est appelée par son supérieur pour l’aider à préparer la chambre de futurs clients. Ils la nettoient, échangent quelques mots… L’instant d’après, Mikoto se retrouve de nouveau au bord de l’eau ! Son supérieur la rappelle, ils recommencent confusément à nettoyer la pièce, avec un sentiment de déjà-vu… Le phénomène se répète de nouveau. Mikoto et les habitants de la région ne tarderont pas à comprendre qu’ils sont pris dans une boucle temporelle !

Toutes les deux minutes, l’action se réinitialise et chacun se retrouve là où il a commencé, sans rien perdre de ses souvenirs et états émotionnels précédents. Mikoto est ainsi vouée à revenir à la rivière, sa collègue Chino à réchauffer du saké en cuisine, un hôte à barboter dans un bain finalement plus lassant que prélassant, deux autres à profiter d’un délicieux festin finalement écœurant… Seul un écrivain en panne d’inspiration se réjouit de ce moment suspendu : de quoi lui laisser un peu de répit, faute de manuscrit à rendre à son éditeur ! Ne sachant pas quand ce phénomène prendra fin, le personnel de l’auberge s’efforce de continuer à satisfaire la clientèle du mieux qu’il peut, à la japonaise. Mais le chaos de l’hospitalité infinie s’avère vite insoutenable… Avec peu de marge pour les erreurs, il faudra faire équipe pour mettre un terme à cette spirale infernale. Car si nous souhaitons parfois que le temps s’arrête, il faut aussi qu’il suive son cours pour vivre pleinement. 

Génialement rythmé, avec une énergie rare et vivifiante, En Boucle déploie un fabuleux inventaire d’idées pour éviter au spectateur de ressentir ce qui fait pourtant son sujet : la répétition. C’est pour le moins une prouesse que la quarantaine de plans-séquence (réellement de deux minutes chacun), qui partent tous d’un même point et qui se déroulent dans une course contre la montre, ne s’avère jamais redondante. Avec beaucoup de charme, de cœur et d’humour teinté de mélancolie, le film est une joyeuse ode à la communauté, prenant soin d’explorer les états d’âme de ses personnages et les interactions qui en découlent. Tous aspirent à une pause et à une reconnexion humaine pour conjurer l’inévitable.

À cela s’ajoute une romance qui semblait toucher à sa fin et se retrouve suspendue pour une durée indéterminée. Mikoto a prié une amulette d’amour au bord de l’eau… chagrinée par la perspective du départ de Taku, le jeune chef cuisinier de l’auberge qui rêve de perfectionner son art culinaire en France. Peut-être sa prière a-t-elle créé la brisure spatio-temporelle, tant elle souhaitait arrêter le temps pour retarder l’échéance… Le couple décide alors d’explorer chaque boucle pour s’évader ensemble, au gré d’une météo poétique et changeante. C’est finalement en acceptant d’avancer vers l’inconnu que chacun parviendra à exaucer sa nature profonde. Étonnamment réconfortant et prenant des chemins de traverse inattendus, En Boucle fait l’éloge de ces tourbillons dans lesquels il fait bon se perdre, face à la marche inexorable du temps…

O. J.

 

 

Crédits photos : Art House films

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